Wallonie: le retour
du grand méchant loup ?
TCHAK 18 | ÉTÉ 2024
TCHAK 18 | ÉTÉ 2024
A la une du numéro 18 de Tchak, une enquête sur le loup. Depuis son retour en Wallonie en 2017, le loup a son lot d’admirateurs et de détracteurs. Dans ce dossier, le côté émotionnel prime souvent sur le factuel. C’est précisément sur les faits que Tchak a enquêté, en trois chapitres.
« Passer un hiver à enquêter sur le retour du loup, c’est déjà l’occasion de voir du pays, explique Paul Labourie, le jeune journaliste qui a bossé sur le sujet. Découvrir des forêts peu empruntées du public, prendre le temps de capter une ambiance, une atmosphère. C’est aussi l’occasion de demander aux principaux intéressés de partager un bout de leur réalité, et chercher à comprendre le maillage qui peut se tisser autour d’un fil rouge quasiment invisible, à savoir trois meutes de loups de retour dans les Hautes-Fagnes.»
Si plusieurs sources rencontrées l’ont régulièrement invité à considérer le loup pour ce qu’il était — « un loup, ce n’est bien ni mal, c’est un loup, tout simplement » —, force est de constater que le monde s’agite derrière lui et qu’en tant que journaliste, nous faisons certainement partie de cette agitation.
« Cependant, l’animal en lui-même n’est peut-être pas la cause de tous ces troubles : tantôt admiré, tantôt diabolisé, il constitue un enjeu politique et économique avec lequel composer. En déroulant le long fil de la piste du loup, c’est un véritable reflet de nos sociétés et de nos modes de cohabitation qui s’offre à nous.»
Qu’ils soient installés en meutes ou ponctuellement passagers sur le territoire, la présence des loups en Wallonie impacte directement l’élevage ovin, première victime du retour du grand prédateur. Les attaques sont violentes et la pression est bien présente. Mais les coupables sont-ils toujours ceux auxquels on croit ? Entre les témoignages des éleveurs et le suivi scientifique de l’espèce, un inspecteur pas comme les autres vient mener l’enquête.
La pression de prédation du loup et la menace de ses attaques ont conduit la Région wallonne à la constitution d’un Réseau Loup, favorisant le suivi de l’espèce et l’accompagnement des éleveurs dans la cohabitation avec le prédateur. Mais cette nouvelle contrainte vient culminer au sommet d’une montagne de difficultés auxquelles l’élevage ovin et le monde de l’agriculture se confrontent au quotidien, auxquelles le loup ne fait que s’ajouter.
En septembre 2023, Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, ouvrait le débat sur un possible abaissement du statut de protection du loup. À quelques encablures des élections européennes, une réponse au terrain ou, plutôt, une la volonté de séduire un électorat rural et conservateur ? Pour appréhender le caractère polarisant d’un dossier où, le saviez-vous, la Wallonie brille particulièrement, un peu de recul est nécessaire.