À l’origine de notre enquête « Fabrication des engrais phosphatés: la mémoire dans la peau», deux journalistes de terrain.
- Laurence Grun est documentariste et journaliste, diplômée en sciences politiques de l’Université Libre de Bruxelles. Après une expérience au Congo, elle co-fonde Nuit Noire Production en 2017 et travaille à Dakar sur divers projets documentaires.
- Pierre Vanneste est un photojournaliste et réalisateur belge basé entre Bruxelles et Dakar, spécialisé dans les projets documentaires de long terme. Membre du collectif Nuit Noire Production depuis 2017, il a exposé son travail dans des musées et espaces d’exposition, et publié dans des médias internationaux.
Depuis 2018, tous les deux réalisent des documentaires transmédia de fond (collectif Nuit Noire Production), explorant la transformation des terres, des êtres vivants et de la société à travers le développement industriel. À travers leurs projets, ils cherchent avant tout à relier des mondes et des situations, mettant en lumière le caractère global et commun des expériences vécues.
Voici ce que raconte Pierre sur le travail particulier réalisé sur les photos.
À travers l’approche graphique, l’intention était de créer un récit d’atmosphère . Il s’agissait de construire une certaine unité de style qui lie chacune des zones, conférant ainsi sa dimension plus globale au sujet.
On me demande souvent : « Pourquoi le noir et blanc dans vos images ? » À quoi je réponds invariablement : « Pourquoi la couleur ? » La photographie est souvent perçue comme un simple reflet du réel, une sorte de « preuve visuelle ». Pourtant, comme toute forme de création, elle traduit le regard subjectif d’un auteur, imprégné de sa propre expérience et des rencontres qui l’ont façonné durant son projet. L’image ne devrait être ni une illustration, ni une simple tache de couleur venue dynamiser une mise en page ou exciter la rétine d’un lecteur.
Dans cette enquête, telles des pièces à conviction, témoignages, paysages, portraits, objets et fragments de résidus se croisent pour dessiner les contours d’une pollution invisible, celle d’un monde qui repose sur la production et l’utilisation de produits chimiques pour maximiser ses rendements, révélant peu à peu une mutation que nous côtoyons tous sans jamais vraiment la percevoir. »