émissions carbone
L'usine Tereos © Michel Blossier / Tereos

L’industrie agroalimentaire tire les émissions carbone à la hausse

Les émissions de gaz à effet de serre (GES) associés à l’alimentation représentent entre 25 et 35% des émissions mondiales. Si la plus grande part provient de l’élevage, du déboisement et de la fabrication d’engrais à partir de ressources fossiles, les agro-industries jouent un rôle non négligeable. En Belgique, les émissions de l’agrobusiness ont crû de 30% entre 2009 et 2020 ! Explications.

Romain Gelin, chercheur au GRESEA (Groupe de recherche pour une stratégie économique alternative)

Depuis l’accord de Paris (COP21) en 2015, les négociations climatiques internationales portent sur la neutralité carbone. Il s’agit, à l’horizon 2050, de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES), notamment en stockant du carbone dans les sols – par la favorisation des prairies permanentes et des forêts – ou par des techniques de géo-ingénierie largement décriées[1], comme le captage et la séquestration du carbone.

+ Cet article est au sommaire du nouveau numéro de Tchak (hiver 2023-2024).

Les industries, premières émettrices de CO2 en Wallonie

Au niveau wallon, les industries (tous secteurs confondus, sauf celui de l’énergie) constituent le premier poste d’émissions, avec 32% du COémis, devant le transport routier (21%), le secteur résidentiel (18%) et l’agriculture (13%)[2].

Depuis 2003, les « accords de branche » – un contrat entre la Région et une fédération sectorielle – encadrent ces émissions industrielles. Ces accords, volontaires, visent à améliorer l’efficacité énergétique des industries, à réduire leurs émissions, mais aussi à leur octroyer des avantages financiers : réduction des accises sur le gaz, quotas de certificats verts, etc. Des aides qui sont en réalité un moyen non dissimulé d’améliorer la compétitivité de l’économie wallonne. La Région a également promis de ne pas imposer d’exigences environnementales supplémentaires aux industriels par voie réglementaire jusqu’à la fin des accords[3].

La première génération d’accords de branche couvrait la période 2003-2012. Depuis 2014, 14 fédérations industrielles – représentant plus de 90% des consommations énergétiques industrielles wallonnes – ont signé des accords de branche dits de « 2e génération », qui doivent échoir fin 2023. Les accords de 3e génération entreront en application en 2024.

La Fevia, la Fédération de l’industrie alimentaire belge, représente 68 firmes qui ont signé l’accord de branche « énergie », parmi lesquelles les multinationales Coca-Cola, Ferrero, Cargill, Spadel, Inbev ou Mondelez. Entre 2005 et 2023, cet accord visait à améliorer l’efficacité énergétique de 22,5% et à réduire les émissions de CO2 sectorielles de 27,8%. Fin 2020, la Fevia annonçait fièrement avoir atteint à 95% le premier de ces deux objectifs, et à 100% le second[4].

Malgré leur réussite affichée, les accords de branche font l’objet de critiques. Récemment, la FGTB Wallonne, la CSC et Canopea pointaient plusieurs faiblesses[5]. La première concerne le volume des aides publiques octroyées – trois fois supérieures aux investissements consentis par les entreprises. Autrement dit, les investissements des industriels wallons pour leur efficacité énergétique et la réduction du CO2 ont été financés aux trois quarts par des fonds publics. Selon la FGTB, ces accords ont coûté 740 millions d’euros à la Wallonie entre 2014 et 2019, soit 32 millions d’euros par entreprise sur six ans, ou 531.000 euros par an en moyenne[6].

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[1] Y. Heuillard, « La capture et le stockage du carbone, un remède pire que le mal », Reporterre, 2021.

[2] D’après la répartition sectorielle des émissions de gaz à effet de serre (GES) en Wallonie en 2021 produite par l’IWEPS.,

[3] « Accords de branche « Énergie/CO2 » avec les secteurs industriels wallons. Rapport public concernant l’année 2020 », SPW Énergie, 2022.

[4] Dans son communiqué : « L’industrie alimentaire wallonne à la pointe en matière d’efficience énergétique et de réduction d’émissions de CO2 » (2020).

[5] Dans une carte blanche : « Les pierres angulaires de la transition industrielle wallonne » publiée dans Le Soir (2023).

[6] « La troisième génération des accords de branche », FGTB Wallonne, 2023.

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