Engrais phosphatés
À Engis (Wallonie), cette montagne de phosphogypse de l’usine Prayon pourtant en cours d’activité et disposant d’un permis n’est pas répertoriée dans la Banque de données de l’État des sols wallons par les autorités. © Pierre Vanneste

Prayon (Engis) : des déchets chimiques et radioactifs oubliés

À Engis, l’immense colline boisée d’Hardémont est composée de phosphogypse, un déchet chimique et radioactif issu de la fabrication des engrais phosphatés, dont l’environnement va garder l’empreinte pendant plusieurs milliers d’années. 

Laurence Grun, Pierre Vanneste, journalistes

À l’origine de cette décharge, Prayon, leader mondial dans la chimie des phosphates. Une firme dont les principaux actionnaires sont l’Office Chérifien des Phosphates (OCP) et Wallonie Entreprendre (Région wallonne).

Prayon soutient que la décharge d’Hardémont est « connue des autorités ». Ce n’est pourtant pas le cas.

Ainsi, si l’Agence de contrôle nucléaire (AFCN) assure le suivi de la radioactivité émise, elle ne s’occupe pas des autres risques. En théorie, c’est le Département de l’Environnement et de l’Eau de la Région wallonne qui se charge du suivi et du contrôle des déchets et risques de pollutions chimiques (cadmium, arsenic, plomb, etc.). Pourtant, là-bas, personne n’a entendu parler de cette décharge. Côté communal, les informations sont tout aussi inexistantes.

Une nouvelle décharge sans protection

Autre point d’attention : personne ne sait exactement combien de millions de tonnes de phosphogypse ont été entassées dans cette décharge entre 1950 et 1985. Pas même Prayon, que Tchak a questionné. Même constat pour ce qu’il est advenu des quantités de déchets produits entre 1890 et 1950.

Depuis, une nouvelle décharge de 5 millions de tonnes a vu le jour dans le bois d’Engihoul. Là, aucun système de protection de sol n’a été jugé nécessaire. Pourtant, plusieurs dépassements de normes PISEO pour les eaux souterraines ont été observées entre 2020 et 2022. De quelle nature ? Prayon nous a répondu ne pas être en mesure de partager ces informations.

Ces révélations font partie d’une enquête internationale sur la fabrication des engrais phosphatés publiée dans le nouveau numéro de Tchak (automne 2024). De la Belgique au Sénégal en passant par la France, l’Espagne et la Tunisie, Laurence Grun et Pierre Vanneste ont enquêté sur cette industrie dangereuse pour la santé et pour l’environnement.

Déjà 4.000 euros récoltés pour notre webdoc

Déjà 4.000 € récoltés (53% de la somme) pour financer la réalisation et la mise en ligne de notre webdocumentaire sur l’empreinte toxique des phosphates, indispensables à l’agriculture intensive. 

Complémentaire à l’enquête publiée dans Tchak, ce web documentaire en sera la vitrine internationale. Elle permettra un accès gratuit à l’info dans tous les  pays et régions concernées, y compris en Wallonie. Une façon d’éviter que ce type de pollution ne sombre dans l’oubli, alors qu’elle va impacter de nombreuses générations.  

Rejoignez Tchak et le collectif Nuit Noire production. Devenez, vous aussi, un lanceur ou une lanceuse d’alerte. Plein de chouettes contreparties pour vous ! Dont une soirée spéciale et votre nom au générique.

➡️ Tous les tenants et aboutissants de notre crowdfunding ici, mis en place avec le Bureau économique de la Province de Namur (BEP).


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