C’est une défaite. Et elle est presque totale pour les paysans. La course aux aides (PAC), aux primes et au rendement a donné naissance à des méga-exploitations qui envahissent l’espace, pesant ainsi sur l’accès aux terres. Vainqueurs toutes catégories : les producteurs de patates. Une victoire au goût amer, tant ils sont eux-mêmes sous la coupe des firmes agroalimentaires.
Sang-Sang-Wu, journaliste | sang-sang.wu@tchak.be
Bourdon, été 2011. « On est morts, c’est la fin du monde », pense Joseph Renaud lorsqu’il regarde s’éloigner le camion à deux étages qui vient d’embarquer ses Blondes d’Aquitaine et ses Montbéliardes. Il voit sa vie d’éleveur, son passé et sa passion s’envoler. Pour son fils Fabian, qui rêve secrètement de prendre la relève du patriarche, c’est l’avenir qui s’offre une sortie de route. Tous deux ressentent la même impuissance, le même vide et la sensation d’avoir le ciel qui leur tombe sur la tête tandis que la terre se dérobe sous leurs pieds. « On est passés de 72 à 20 ha et de 90 à 20 vaches. Quand on a vu notre étable quasiment vide, ça a été insupportable. »
+++ Cet article sur la course aux primes et au rendement dans le monde agricole est un des six chapitres de la première enquête de Tchak! : Accès à la terre, la loi des plus forts.
Tout a commencé ce jour de décembre 2010, quand Joseph, éleveur depuis 1972, reçoit une lettre dont l’objet est la mise en adjudication[1] du droit de pacage (droit de faire paître son bétail dans les pâturages détenus par l’État) sur le domaine militaire de Marche-en-Famenne. Il apprend alors que 75% – 52 hectares, tout de même – des terres qu’il exploite vont être mises aux enchères. « En mettant fin à la concession de neuf ans, l’État l’a réadjugée à d’autres personnes sans donner un droit de préférence à la relocation aux anciens, explique l’avocat en charge du dossier, Me Gaëtan Goisse.C’était brutal car une décision comme celle-là peut tout changer dans la rentabilité d’une ferme. »
[1] Vente aux enchères durant laquelle l’amateur qui fait l’offre la plus élevée est déclaré acquéreur du bien, selon le site www.notaire.be.
+++ Étienne de Dorlodot (Sogesa), l’homme aux 83 sociétés agricoles
Et c’est peu dire, puisqu’au terme de la vente publique, la famille Renaud perd ses terres. « On avait mis 150 € de l’hectare, soit 40 € de plus que le loyer initial. Mais les plus belles terres sont parties à 360 €. » En une demi-heure, trois gros agriculteurs de la région raflent quasiment 200 hectares. À la sortie, Joseph veut comprendre : « J’ai dit à Albert, un des gros agriculteurs que je connaissais bien : « Je n’aurais jamais cru que tu me ferais ça. » Il m’a répondu : « Tu as gardé le gâteau pendant 27 ans. Maintenant, c’est à moi de l’avoir. » »
Aujourd’hui, la terre qui était exploitée par les Renaud est quasiment laissée à l’abandon – « ils viennent faucher une ou deux fois par an car c’est imposé par la Défense » – et a perdu sa vocation nourricière. « Ils avaient déjà leurs terres et n’avaient pas besoin de celles-là pour vivre. En plus, en les transformant en « prairies de haute valeur biologique », ils ont un surplus de primes de 450 € par hectare. Donc, même en surenchérissant par rapport au loyer légal, ils faisaient un gros bénéfice. Mais pour nous, mettre ce prix-là pour traire des vaches, ce n’était pas possible. »
« Une sacrée roue de secours »
Les primes d’aide à l’agriculture seraient donc l’un des moteurs de la concurrence entre agriculteurs. Avec la politique agricole commune (PAC) de l’Union européenne, des primes sont distribuées aux agriculteurs sous forme d’aides à la surface (voir encadré ci-dessous).
« Les agriculteurs se sont enrichis grâce à une PAC généreuse à ses débuts, signale Édouard Nève de Mévergnies, auteur d’un ouvrage intitulé Investir dans la terre. Ils ont accumulé un pouvoir d’achat qu’ils allouent à des machines ou à des terres. Même si le rendement est moins élevé, il est toujours préférable d’investir dans la terre que de garder son argent sur un compte épargne. Donc, dès qu’il y a une terre libre, ils se ruent dessus. »
« À 350 € de primes à l’hectare, le gars qui en a 200 a une force de frappe incroyable, fait remarquer Thierry[1], producteur de lait dans la région de Charleroi. S’il veut une terre, il va trouver le propriétaire, claque 50 000 € sur la table et c’est réglé. Moi, petit fermier, je ne fais pas le poids avec mes 15 hectares. Ce sont eux qui font monter les prix. Du coup, moi aussi, malgré tout, je fais la course aux hectares. Il y a 15 ans, j’étais dans l’optique de produire sans les primes, comme les jeunes du MAP (Mouvement d’action paysanne, ndlr). Mais quand tu vois le versement sur ton compte bancaire à la fin de l’année, t’es content. Ça revient tous les ans, c’est une sacrée roue de secours. »
[1] Prénom d’emprunt.
Agriculteur dépendant
En augmentant de 26,5% en cinq ans, le prix des terres s’est déconnecté de sa valeur intrinsèque. « D’un côté, l’agro-industrie écrase les prix à la sortie de la ferme. De l’autre, l’Europe fait compensation sur le salaire en subsidiant à l’hectare », déplore David Dupuis du mouvement Terre-en-vue, qui a pour mission de faciliter l’accès à la terre. Et la majorité des fermiers sont aujourd’hui dépendants de ces primes. « 41% des revenus des agriculteurs belges sont composés de subsides, et même 100% en ce qui concerne les producteurs laitiers ! », rappelle Philippe Baret, agronome et professeur à l’UCLouvain, dans le magazine Imagine Demain le monde[2]. Pourtant, « ces aides ne sont pas une solution car elles nous tiennent en laisse. On préférerait ne pas les avoir et vivre de notre production », pointe Fabian Renaud.
[2] Dans le dossier Réinventer l’agriculture, janvier/février 2019.
Marche ou crève
La concurrence entre agriculteurs a toujours existé, mais elle prend aujourd’hui une ampleur sans précédent. « Dans le monde de l’agriculture, il n’y a pas que des gens bien. Parfois, le voisin attend que vous ayez des difficultés pour avoir vos terres », regrette Éric Defêche, l’agriculteur qui a permis aux Renaud de se relever en leur vendant un bloc de 10 hectares au prix raisonnable de 12 500 € l’hectare (voir l’article général sur le prix des terres, ndlr). « Les fermiers de la région se seraient battus pour l’avoir. J’ai un voisin qui a presque 1 000 bêtes et 500 hectares. Dès qu’une terre se libère, il saute dessus et ne laisse plus la possibilité à un jeune d’avoir de la terre. Je ne cautionne pas ce genre de méthode. »
À Rendeux (province de Luxembourg), on est passé de cinq exploitations à deux en quelques années, dont une ogresse qui ne fait que gagner du terrain. En 26 ans, la superficie moyenne de l’exploitation agricole wallonne a augmenté de 31 hectares, soit 3,08% par an. En 2016, une ferme moyenne comptait 56,8 hectares, contre 25,8 en 1990[1]. De plus en plus grosses, les fermes sont de moins en moins nombreuses dans notre pays.
« En 1945, au sortir de la guerre, il y avait 400 000 agriculteurs en Belgique », dit Étienne Beguin, notaire à Beauraing et professeur à l’UCLouvain. Et entre 1980 et 2018, le secteur agricole belge a perdu 68% de ses exploitations, si bien qu’aujourd’hui, le pays ne compte plus que 36 158 unités[2].
« À ce rythme, dans 15 ans, il ne restera plus que quelques grandes exploitations industrielles dans notre pays », pointe un article de Triodos[3]. Des fermes-usines où la machine supplante la main faillible de l’homme.
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Pour être compétitifs, les agriculteurs ont donc (sur)investi dans une technologie toujours plus performante. « Depuis l’après-guerre, les agriculteurs sont poussés dans le dos par la mécanisation. Comme ils produisent des denrées à des prix de moins en moins intéressants, ils doivent partir sur des volumes importants », note David Dupuis de Terre-en-vue.
Et ceux qui ne font pas ce Grand Bond en avant sont condamnés à jeter l’éponge, laissant leurs terres à des confrères plus compétitifs. Étienne Beguin explique : « Ceux qui font de l’intensif essaient d’amortir leurs investissements sur une surface plus grande. Celui qui a déjà 100 hectares a les moyens d’en acheter cinq de plus. Le coût sera marginal et il fera des économies d’échelle. » Et ce phénomène de concentration du foncier s’observe dans toute l’Union européenne où 3% des plus grandes fermes contrôlent 50% des terres[4].
[1]Évolution de l’économie agricole et horticole de la Wallonie, SPW, 2018. [2]Chiffres clés de l’agriculture, Statbel, 2019. [3]Faciliter l’accès à la terre pour garantir une agriculture durable, 13 juin 2019. [4] Dossier Sans terre, pas de paysans ! dans Supporterres, le magazine de SOS Faim, septembre 2018.
Une culture bien payée
Peu à peu, l’agriculture wallonne change de visage. Elle s’industrialise et produit des monocultures dont la priorité n’est pas de nourrir la population locale, mais de répondre aux attentes d’une production massive et standardisée. C’est notamment le cas des pommes de terre dont la production est six fois supérieure à la consommation. « La Belgique est devenue le plus gros exportateur au monde de pommes de terre surgelées, et ce, dans plus de 150 pays », se targue Belgapom, l’organisation professionnelle des négociants et transformateurs de pommes de terre.
Comme des rotations doivent idéalement avoir lieu tous les sept ans, les cultivateurs sont sans cesse à la recherche de nouvelles terres à conquérir pour y planter leurs tubercules. Ils concluent alors des contrats avec des fermiers non spécialisés, lesquels mettent leurs terres à disposition d’avril à septembre-octobre. « On doit préparer le sol, puis ils viennent planter et pulvériser avec leurs machines spécifiques, explique Ronny Bonduel, cultivateur de céréales à Ham-sur-Heure/Nalinnes. Après ces cinq mois de culture de pomme de terre, on met du froment. »
Si le gros patatier au service de l’agro-industrie est souvent décrié car il entretient une concurrence déloyale, le petit fermier qui lui « prête » sa terre une fois tous les sept ans est bien content de la plus-value qu’il réalise par ce biais. « Ils peuvent faire jusqu’à deux ou trois fois plus de bénéfices alors qu’ils n’ont que peu de travail à fournir. C’est l’assurance d’avoir une rentabilité sur au moins une partie de la ferme », estime Patrick[1], propriétaire de terres dans le Namurois. Vincent Christiaens, qui possède une ferme de culture de 55 hectares à Grand-Reng (Erquelinnes), dénonce la contradiction : « Le gros patatier, on l’aime bien quand il vient nous proposer 1 500 € l’hectare pour louer nos terres, mais on n’est pas contents quand il vient acheter une parcelle car il a plus de liquidités. »
Au fil du temps, l’agriculteur spécialisé dans la pomme de terre est allé de plus en plus loin pour disposer de nouvelles terres. « Au départ, la pomme de terre n’était cultivée que dans les bonnes terres, en Hesbaye et en Flandre, poursuit Ronny Bonduel. Elle est arrivée dans le nord de la France et ici parce que les producteurs commençaient à manquer de place, même en réduisant la durée des rotations à une année sur trois plutôt qu’une année sur sept. En faisant cela, on favorise une plus grande résistance aux maladies et on épuise le sol. Il n’y a alors plus de structure entre les éléments et cela entraîne des soucis comme les coulées de boue. Mais l’industrie se fout que la terre soit épuisée et la pomme de terre est rentable. Donc, on en cultive de plus en plus. »
[1] Prénom d’emprunt.
La ruée vers la patate
En Belgique, la production de pommes de terre a en effet enregistré cette année une hausse de 33,3% par rapport à 2018, en raison de l’augmentation de la superficie et du rendement. En 2019, la culture couvre 43 500 hectares en Région wallonne, et près de 100 000 hectares dans tout le pays[2]. « En culture classique, aucune autre culture n’est aussi intéressante pour le moment, selon Patrick. Le bénéfice net à l’hectare, hors prime, peut être deux, trois ou quatre fois supérieur à celui des céréales. C’est l’une des dernières spéculations qui est bien payée par l’industrie, et elle a remplacé la culture-reine traditionnelle, la betterave. »
« Entre 60 et 80% des relations entre les transformateurs et les producteurs de pommes de terre sont couvertes par des contrats », explique Romain Cools, secrétaire général de Belgapom, le lobby des transformateurs et négociants de la patate. Dans le cadre de ces contrats de culture, l’agriculteur s’engage, en décembre-janvier, à produire un certain tonnage à livrer à la récolte ou en cours de conservation. « Si vous plantez des pommes de terre et que vous avez un contrat avec McCain ou Lutosa, cela vous garantit un certain revenu, explique un fin connaisseur du secteur. Mais au bout du compte, ces grandes chaînes vont essayer de multiplier le nombre de contrats passés avec les producteurs, de façon à les mettre en concurrence et à faire baisser les prix. Elles leur diront : « Si ce n’est pas vous, ce sera un autre. » »
Daniel Ryckmans, de la Filière wallonne de la pomme de terre (FIWAP), met en garde car « si les producteurs ne réussissent pas à livrer la quantité prévue, ils doivent rembourser ou acheter des patates sur le marché libre pour fournir l’industrie. Mais quand il a fait sec, les pommes de terre n’existent pas ou, si elles existent, elles sont très chères. Cela peut mener à des factures de dizaines de milliers d’euros et parfois à des faillites. »
[2] Selon les déclarations régionales PAC.
« L’industrie fixe les prix »
L’agriculteur, aussi gros soit-il, est dépendant d’acteurs plus puissants car son pouvoir de négociation avec l’industrie est limité. « C’est l’acheteur, donc l’industrie, qui fixe le prix d’achat, reconnaît Romain Cools. Il n’y a pas de contrat unique pour tout le secteur, c’est au cas par cas. Mais le risque est pris par la totalité de la filière. L’industrie de la transformation contracte aussi un certain pourcentage et si elle ne peut pas fournir des quantités suffisantes pour la grande distribution et l’exportation, elle devra aussi en acheter sur le marché libre. »
Et comme les industriels veulent limiter les risques, certains se mettent en tête d’acheter des terres pour être sûrs d’avoir des matières premières à transformer et pratiquer leur type d’agriculture. « Ils ont intérêt à cultiver eux-mêmes pour sécuriser l’approvisionnement de leur industrie », dit Thierry, agriculteur. L’industrie achèterait des terres et placerait « son » cultivateur dessus. « Il signe un contrat de dix ans qui le lie et qui stipule qu’il doit fournir à l’industrie X millions de tonnes de patates pour rembourser sa dette. Moi, ce modèle ne me tente pas. Je veux rester libre », affirme Jean[1], maraîcher dans le Brabant wallon. Derrière les fermiers qui produisent pour l’industrie se cacheraient donc des capitaux provenant de l’extérieur. « Ça casse le marché des terres agricoles », s’indigne Joseph Renaud. Le fermier devient un faux indépendant ou un salarié déguisé. Il prend tous les risques mais n’a aucune maîtrise sur sa rémunération. « On retrouve de plus en plus un système féodal et une logique d’agriculture capitaliste », selon David Dupuis.
Des cultures sans cultivateur
Et les contrats n’intéressent plus toujours l’agro-industrie. Aujourd’hui, des usines ont commencé à construire des hangars où elles stockent les patates achetées aux fermiers. Clarebout, groupe flamand spécialisé dans la transformation de pommes de terre, possède des hangars de stockage. Une tendance née il y a quelques années et qui fait beaucoup de tort aux producteurs.
« Comme ils ont des hangars, les industriels stockent eux-mêmes leurs patates et peuvent systématiquement les acheter au prix le plus bas. Ils ne sont jamais perdants, explique l’agriculteur Vincent Christiaens. Quand leurs hangars sont remplis, ils disent aux producteurs qu’ils ne sont pas intéressés. Comme l’agriculteur n’arrive pas à vendre sa marchandise, il y en a beaucoup sur le marché et les prix chutent. Là, l’industrie, qui a vendu les pommes de terre de ses hangars, en rachète à bas prix et les stocke. Et ainsi de suite. »
Pour Romain Cools, « c’est minoritaire et cela s’est développé car les industriels voulaient être sûrs d’avoir des pommes de terre en cas de problème. Mais il vaut mieux multiplier les lieux de stockage pour limiter les risques de pertes. Toutefois, nous avons besoin de lieux de stockage nouvelle génération, et si les producteurs ne veulent pas investir, les sociétés devront trouver des manières de stocker eux-mêmes. »
Empêtré dans une filière agro-industrielle dont il a complètement perdu la maîtrise, le gros fermier n’est pas forcément toujours mieux loti que son collègue plus petit. « Quand tu entres dans le système, tu n’as plus le choix : il faut avancer, sinon tu meurs », affirme Éric Defêche. « Moi, je ne voudrais pas être patatier aujourd’hui », renchérit Ronny Bonduel.
[1] Prénom d’emprunt.
Cultiver la contradiction
Les paysans de petite taille sont donc mis en compétition avec les gros agriculteurs, souvent eux-mêmes pieds et poings liés avec les firmes agroalimentaires. Résultat : une précarisation à tous les étages, sauf pour les acteurs industriels. « Ce sont des firmes de l’agroalimentaire qui, en raison de leur contrôle des moyens logistiques, des économies d’échelle qu’elles peuvent réaliser, et de leur pouvoir de négociation dans les chaînes agroalimentaires mondiales, sont en mesure de renforcer progressivement leur position dominante », résume Olivier De Schutter, ancien rapporteur spécial de l’ONU sur le droit à l’alimentation[1].
À en croire les discours officiels, « l’agriculture familiale est encore un objectif du législateur wallon », répète Paul Renier, avocat spécialisé en droit rural. Dans les faits, il montre un soutien indéfectible à l’agriculture au service de l’industrie. Les Gouvernements wallon et de la Fédération Wallonie-Bruxelles ont adopté le Plan Marshall 2022 dans lequel on retrouve la volonté de « renforcer le soutien apporté au secteur agroalimentaire ». Et si le nouveau ministre wallon de l’agriculture, Willy Borsus (MR), dit vouloir soutenir ce « pilier de l’économie » qu’est l’agriculture, on peut se demander ce que recouvre ce dernier terme. Parle-t-on de ferme ou de firme ?
En 2018, la part de l’agriculture dans l’économie belge s’élevait à 0,63% contre 1,13% en 1980. Quant au secteur agroalimentaire, il tient une place autrement plus importante, avec ses 14,6%. Il fournit à l’heure actuelle 92 743 emplois directs et 173 104 indirects, pour un chiffre d’affaires de 51,8 milliards €, d’après la Fédération de l’industrie alimentaire belge (Fevia). Dans la balance économique et politique, les deux types d’activités n’ont effectivement pas le même poids. En grignotant des hectares et des hectares, l’industrie avale les quelques paysans qui sont sur son passage. Privés d’un accès à la terre, les petits agriculteurs disparaissent rapidement et sûrement. Ils manquent de soutien car ils ne sont pas vus comme un secteur économique d’avenir. À moins que cela ne soit l’inverse.
[1] Vers la souveraineté alimentaire : de Nyéléni à Agroecology in Action, FIAN Echo (hors série).
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