Commentaire | Sang-Sang Wu, journaliste | sang-sang@tchak.be
En travaillant sur l’Apaq-W et en m’entretenant avec ses « clients », les agriculteurs wallons, une chose m’a tout de suite frappée : le faible taux d’estime que la plupart d’entre eux avaient pour les institutions publiques en général et pour cette agence en particulier. Ils ont lâché « inefficace », « inutile », « bureaucratie » et même « racket » (en parlant des cotisations obligatoires).
+++ Ce commentaire a été publié en préambule de notre enquête sur l’Agence pour la promotion d’une agriculture de qualité.
Certains mots utilisés sont durs et témoignent de cette distance qui s’est creusée entre l’Apaq-W et les agriculteurs. Comme un sillon qui finit par devenir un gouffre d’indifférence et d’exaspération. « Certains de mes collègues se battent pour ne pas payer. Moi, j’ai autre chose à faire. Je règle ma cotisation pour être tranquille, mais je ne regarde pas ce qu’ils font », nous avoue Bernard, un éleveur namurois qui témoigne anonymement dans notre enquête. Pour lui comme pour la majeure partie de la trentaine d’agriculteurs que j’ai interrogés, le travail réalisé par cette agence semi-publique reste flou.
Sur l’autre versant, des producteurs d’une certaine taille m’ont vanté les mérites de l’Apaq-W, sans qui de gros événements majeurs du milieu agricole ne pourraient être financés. « Je ne pense pas que vous trouverez beaucoup de gens pour dire du mal de cette agence », m’a dit un gros cultivateur. J’ai souri mentalement. Le matin même, un maraîcher sur petite surface me lançait : « On en a tous marre. Vous allez avoir du mal à trouver des agriculteurs qui sont contents de l’Apaq-W ».
Nous avons toutes et tous des biais cognitifs. Il est donc assez logique que les intuitions des uns et des autres sur le travail effectué par cette institution parastatale divergent radicalement. Et c’est donc peut-être à la racine qu’il faudrait agir pour trouver une voie médiane, entre la confiance aveugle et l’indifférence extrême.