Paroles de maraîchers - ères
Si les inondations de l'été ont laissé des traces sur le moral de l'équipe de Vent de Terre, celle-ci garde tout de même le sourire @ Robin Vanderheijden

#1 Production: « Comment minimiser les pertes face à la météo? »

Premier témoignage récolté dans le cadre de Paroles de maraîchers / maraîchères, celui de Julian Aterianus. Maraîcher au sein de la coopérative Vent de Terre, près de Liège, il revient sur la météo et les inondations de l’été…

Claire Lengrand, journaliste | claire.lengrand@hotmail.fr

« Sur notre terrain à Tilff, 70% de la surface a été impactée. En pleine saison. Nous avons dû mettre les bouchées doubles pour vider l’eau. Il a fallu deux semaines pour tout pomper, les légumes étaient crevés. Par chance, nous avons bénéficié de beaucoup d’aide extérieure, notamment grâce aux chantiers participatifs lancés par les Brigades d’action paysannes. Des gens de partout sont venus. Au bout d’un mois et demi de travail, les récoltes ont pu reprendre. »

« Certaines variétés sont plus résistantes »

Cet épisode climatique a néanmoins laissé des traces sur le moral de l’équipe, épuisée par la charge de travail demandée. Selon Julian Aterianus, les changements de température extrêmes d’une année sur l’autre sont de plus en plus difficiles à maîtriser. 

« En tant que maraîchers, nous sommes clairement liés au climat. C’est constamment de la gestion de problèmes. Un coup il fait trop sec, une autre fois trop humide. On doit tout le temps se réadapter puisqu’on travaille avec du vivant. L’année dernière, nous avons arrosé minutieusement vu qu’il n’a pas plu pendant cinq mois. Cette année, c’est tout le contraire. Il n’y a plus plus de demie-mesure. La seule chose que l’on puisse faire est d’augmenter notre résilience. Ici par exemple, notre terre est de plus en plus amendée, ce qui améliore la rétention d’eau. Certaines variétés de légumes sont plus résistantes. C’est un tout. Quant aux inondations, c’est cyclique, ça arrive mais ça va probablement être de plus en plus fréquent. Face à ces événements, nous devons prendre des décisions en urgence. Nous sommes parfois moins en adéquation avec nous-mêmes parce que le légume est là et qu’il faut le vendre. Nous devons trouver des débouchés pour écouler les stocks, tenter de minimiser les pertes. Souvent, la solution est de travailler plus. »

Trouver du travail plus rémunérateur

Quid pour l’année prochaine? Pour les maraîchers de Vent de Terre, la période d’hiver sera l’occasion de remettre en question leur façon de travailler. Objectif: explorer les pistes permettant de compenser les pertes occasionnées cette année : « Trouver du travail plus rémunérateur, faire plus de formations. Cultiver des légumes pérennes et laisser de côté ceux qui ne se vendent pas du tout. Prolonger les heures d’ouverture du magasin pour permettre à davantage de personnes de venir ». 

Vous êtes maraîcher·ère ? Comment avez-vous affronté ce printemps glacial, cet été pourri, ces écarts de température et d’humidité ? Quelles solutions avez-vous mises en œuvre pour pallier ces conditions météos difficiles ? Quel est votre état d’esprit à l’aube de 2022 ?

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