Le NAPAN, pour plan d’action national/régional de réduction des pesticides, est ouvert à enquête publique jusqu’au 20 mars. Une occasion unique de donner son avis.
Frédérique Hupin, journaliste | hupinfrederique@gmail.com
Le saviez-vous ? Jusqu’au 23 mars, vous pouvez donner votre avis sur le prochain plan d’action national/régional de réduction des pesticides (NAPAN). D’une durée de cinq ans, celui-ci démarrera en 2023. Comme on peut le lire sur la plateforme qui lui est consacré, « ce programme quinquennal consiste en une série d’actions visant à réduire l’utilisation des pesticides (produits phytopharmaceutiques et biocides) et à limiter leur impact sur l’environnement et la santé publique ».
+++ Enquête | Le deuxième programme wallon de réduction des pesticides est en panne
Sur quoi allez-vous pourvoir donner votre opinion ? Très bien organisée, la consultation présente 99 projets : 9 sont appliqués dans les trois régions (symbole BEL), 15 projets gérés par le fédéral (FED), 18 projets à Bruxelles (RBC), 23 projets en Flandres (FLA) et 31 projets en Wallonie (WAL). Chaque projet est composé d’actions de différentes natures : formation, sensibilisation, règlementation, accompagnement, études, etc.
Pas de panique. Après vous être inscrit, vous disposez de quelques listes déroulantes vous permettant de cibler les projets. Exemple : vous pouvez choisir une autorité compétente, à savoir la Région wallonne, la région de Bruxelles Capitale, la Région Flamande, le Fédéral.
➡️ Pour donner votre avis sur le plan d’action national de rédaction des pesticides, c’est par ici.
Des fiches bien détaillées
Ce choix vous donne accès aux propositions relatives à ce niveau de pouvoir. Les fiches, très bien détaillées, permettent de découvrir les grandes lignes de l’action abordée, de la soutenir, de découvrir les avis d’autres citoyens, de laisser le vôtre.
Un exemple ? La fiche 3.6. vous permet de donner votre opinion sur l’action qui vise à mettre en évidence les zones où il y a une forte pression en produits phytopharmaceutiques, via un indicateur : publics vulnérables (écoles, crèches, zones de loisirs…), zones sensibles (zones de captage, eaux de surface, zones naturelles protégées, biodiversité….) et proposer des mesures de réduction de l’utilisation des pesticides.
Ecoconso, qui a parcouru l’ensemble des fiches, en pointe certaines plus tournées vers le grand public :
- 2 : Vente de produits phytosanitaires
- 3 : Information et sensibilisation générale en matière de pesticides et d’alternatives
- 5 : Annonce préalable des pulvérisations aux personnes potentiellement exposées
- 7 : Réduction des risques dans des zones ciblées
+++ Regard | « Sans résidu de pesticides », ça ne veut pas dire « bio »
« On a la possibilité de dire qu’à tel endroit, on n’en veut pas »
Le programme de réduction des pesticides (NAPAN) est une conséquence de la directive européenne « pesticides » qui impose à chaque état membre de créer des programmes quinquennaux. En Belgique, c’est le SPF Santé publique, Sécurité de la Chaîne Alimentaire et Environnement qui est à la manœuvre. Son objectif ?
« Si on remonte au plus haut de ce qui nous est demandé et pour faire très court, le NAPAN vise à réduire le risque après mise sur le marché, c’est-à-dire qu’il soit acceptable, explique Vincent Van Bol, docteur en agronomie et coordinateur du programme. Il s’agit de gérer le fait que les pesticides sont utilisés par beaucoup de gens et partout. C’est un peu comme si après avoir élaboré les routes, les voitures et le code de la route, on contrôle et ajuste le tout pour garder un compromis acceptable entre la mobilité et la sécurité. Et on a la possibilité de dire qu’à tel endroit, on n’en veut pas. C’est déjà le cas pour les parcs et jardins ou les communes. Les raisons peuvent être scientifiques et ou politiques. »
Trois pierres angulaires
Sur le plan plus technique, ce nouveau programme de réduction des pesticides (NAPAN) est bâti sur trois pierres angulaires.
- « D’abord, l’Administration doit connaître ce qui est appliqué à la parcelle, pointe Vincent Van Bol. Cette information est déjà consignée chez l’agriculteur, transmise le cas échéant à des organismes privés qui gèrent les chartes et labels, mais l’Administration n’en a pas connaissance. Or nous en avons besoin pour contrôler la situation. »
- « Ensuite, nous souhaitons vérifier si le prix des produits phytopharmaceutiques (PPP) peut être lié à leur profil de risque. Nous espérons ainsi faire changer les habitudes. Nous mettrions cela en pratique en prenant compte les solutions de substitution existantes et en maintenant le revenu des agriculteurs. »
- « Et enfin, grâce à la première pierre, on va pouvoir suivre avec précision ce à quoi sont exposés les pollinisateurs chaque année. Il faut savoir que depuis 10 ans on a réduit de deux tiers la pression des PPP car les produits les plus dangereux ont été retirés du marché. Et pourtant les experts nous alertent encore sur le dépérissement des abeilles. »
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