Nous sommes à quelques minutes à pied de la gare du Midi, entre un boulevard encombré de voitures et une rue qui se glisse dans les Marolles. Au coin, un vieux bistrot rouvert depuis le mois d’avril dernier. Lambris de bois et appliques opalines sur les murs, du granito sur le sol et des fenêtres à guillotine qui s’ouvrent en été sur la terrasse. « C’est comme une petite bulle de chaleur et de convivialité dans une ville de béton », nous décrit France, nouvelle gérante de Bij/Chez Jansens &Jansens.
+++ Ce mini portrait est paru dans le numéro 15 de Tchak (automne 2023)
Il y a un an, à l’annonce de la fermeture de l’endroit, elle décide de se lancer dans la reprise du bistrot. « Difficile de savoir si c’était exactement ce que je voulais faire mais j’aimais bien cette idée de faire du côté domestique une activité professionnelle. Tenir un espace de vie, s’occuper de la nourriture, accueillir les gens et être gentille avec eux… Tout cela m’attirait beaucoup », nous confie-t-elle.
Le projet est construit comme un mélange de traditions et de nouveautés, avec un esprit à la fois populaire et engagé. À la carte et au fil des suggestions, se côtoient sardines grillées et assiette de mezze – héritage d’une ancienne gérante aux origines grecques ; propositions végétariennes telles que pain de noix et halloumi grillé ; ou encore des chipolatas à l’ail noir de chez Spek & Boonen, boucherie engagée du quartier.
« Je dis directement ce qui est fait maison et ce qui ne l’est pas », précise la tenancière qui assure le service en salle tandis qu’elle peut compter sur Tim – un autre ancien gérant – et Basile en cuisine. Avec sagesse, France souligne que « la durabilité est un cheminement ».
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Et elle explique : « Les calamars frits ne sont pas fait maison, on les achète congelés : je pensais les enlever de la carte mais les gens les réclamaient, alors on a gardé. Le tzatziki est fait maison : on remplace le concombre en hiver par du céleri et on le sert avec une salade de saison. Pour les plats carnés, on réfléchit notre proposition pour qu’elle reste abordable : le steak est remplacé par de la bavette, une pièce moins chère. »
C’est qu’en plus d’une sensibilité écologique et d’une grande transparence, France a un idéal : faire tenir au café son rôle social et y brasser les publics. Ancienne et jeune générations, flamands et francophones, travailleurs en transit et habitants du quartier… « Comme le café est petit, les gens ont tendance à discuter par-dessus les tables. Quand c’est compliqué, c’est ce qui me fait le plus plaisir et me remonte le moral », conclut France, un éclat de joie dans les yeux.
David Olivier, contributeur (Collectif 5C)
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