Mondelez
Prince, une des marques de Lu et du géant agroalimentaire Mondelez.

Biscuits, chocolats et confiseries: le monde pas si délicieux de Mondelez

Mondelez est un géant de l’agroalimentaire dominant les marchés des biscuits, du chocolat ou des confiseries. Le groupe soigne son image par des programmes « d’approvisionnement durable ». Reste que les restructurations permanentes et les manipulations de marché laissent à penser que son monde est moins délicieux qu’il souhaite le laisser entendre. 

Romain GELIN, chercheur au GRESEA | romain.gelin@gresea.be

Mondelez – pour « monde des délices » – est né en 2012 de la scission du géant américain Kraft. Kraft est un poids lourd de l’agroalimentaire, fruit d’innombrables fusions et acquisitions qui lui ont permis de rafler de nombreuses marques : fromage Philadelphia, café Maxwell, charcuterie Oscar Mayer (ex-General Foods), Milka, Toblerone, Côte d’or (ex-Suchard Jacobs), Oreo et Ritz (Nabisco), Lu (ex-Danone) ou encore Cadbury[1]. Mondelez reprend l’essentiel des activités hors États-Unis, dont les produits phares dans les confiseries, les biscuits, le chocolat et le café avec Lu, Milka ou Cadbury. 

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Présent dans 150 pays, Mondelez se présente comme le n°1 en Belgique du chocolat, des biscuits, du fromage frais, mais aussi du café avec Jacobs Douwe Egberts – détenu à 26 %. L’entreprise, qui emploie plus de 1.700 travailleurs dans le pays, est également un acteur majeur de l’agroalimentaire belge.

Selon la BNB[2], Mondelez a réalisé en 2018 un chiffre d’affaires de 681 millions d’euros, pour un bénéfice de 18 millions d’euros. Les filiales belges du groupe ont versé plus de 39 millions d’euros en dividendes la même année ! Depuis 2012, la quasi-totalité des bénéfices belges vont à la maison mère américaine.

Dans le même temps, le groupe a racheté[3] près de 17 milliards de dollars d’actions afin de satisfaire ses actionnaires.

Les différentes marques de Mondelez, géant agro-alimentaire / Infographie Adèle Peers

Harmony, un programme discutable

À l’heure où les grandes marques sont pointées du doigt pour leur impact environnemental, la malbouffe ou l’exploitation des producteurs, Mondelez tente de maintenir une image « durable ». Le groupe, acheteur majeur de nombreuses matières premières agricoles, a ainsi lancé plusieurs programmes afin de redorer son blason.

Un exemple ? Voici : le programme « Harmony » de la marque Lu, pour un approvisionnement en blé « durable » en Europe de l’Ouest. Le cahier des charges compte 51 mesures sur la gestion de l’eau, les variétés utilisées, l’utilisation des pesticides et fertilisants… Problème: les critères d’exigence demeurent en deçà des labels biologiques.

Selon Mondelez, une prime à la tonne – au montant confidentiel – est versée aux 2.000 céréaliers concernés, et un logo est apposé sur les produits utilisant le blé « Harmony ». Si l’initiative vise à soigner l’image de l’entreprise, elle n’est pas dénuée d’intérêt économique puisque les recettes croissent depuis la mise en place du « label ».

Des inconnues demeurent toutefois sur la manière dont les données sont collectées, notamment pour l’usage des pesticides.

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Cocoa Life program : rien à voir avec un prix d’achat minimum

Autre programme de Mondelez pour soigner son image : l’initiative Cocoa Life Program, en association avec le négociant de matières premières Cargill pour un approvisionnement en « cacao durable » .

En fait, le groupe a troqué la certification en commerce équitable de certains produits contre un label maison, ses propres critères et sa propre définition de la durabilité ou du juste niveau de rémunération des fournisseurs. Le label offre une prime aux agriculteurs par rapport aux prix du marché – 72€ la tonne contre 200 à 360€ pour le commerce équitable. 

Il n’est pas question, ici, d’un prix minimum d’achat qui permettrait aux cultivateurs de vivre décemment de leur activité. Ce label se focalise plus sur les rendements que sur la rémunération des travailleurs, et lui permettra avant tout – et en tant que premier fabricant de chocolat au monde (avec Mars et Nestlé)  – d’afficher une production « labellisée » d’ici 2025.

[1] Lire l’historique de l’entreprise sur mirador-multinationales.be pour plus de détails

[2] Banque nationale de Belgique

[3] Une entreprise peut racheter ses propres actions pour les « annuler ». Cette opération fait mécaniquement monter le cours des actions existantes, devenues plus rares. Il s’agit d’une manière détournée de rémunérer les actionnaires qui peuvent ainsi revendre leurs actions avec une plus-value.

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