Paroles de maraîchers / maraîchères
Déborah Blasiak est maraîchère depuis cette année à la microferme Kirenet à Hodister, dans la commune de Rendeux,

#3 Foncier : « Comment trouver une terre et être sûr de la conserver ? »

Troisième témoignage récolté dans le cadre du projet Paroles de maraîcher / maraîchère, celui de Déborah Blasiak. Maraîchère depuis cette année à la microferme Kirenet à Hodister, dans la commune de Rendeux, elle évoque son installation et la difficulté d’accéder à une terre agricole. 

« Par « chance », j’ai réussi à acquérir un ancien bâtiment de ferme (à rénover complètement) avec plusieurs terrains adjacents que j’ai dû payer à prix d’or car constructibles, raconte Déborah. Toutes mes économies y sont passées. Les frais de notaire sont très conséquents pour les terrains constructibles comparés aux terrains agricoles. A la base, j’aurai aimé acquérir une terre agricole mais ces dernières sont chasse gardée, soit des producteurs plus anciens même s’ils ne les utilisent pas (ils attendent patiemment que les terrains deviennent constructibles et que leur valeur explose pour accepter de les vendre. Ils font de la spéculation avec les terrains qui sont censés nous nourrir), soit des propriétaires privés aisés pour faire paître leurs chevaux. Le pouvoir de l’argent encore et toujours ! Je lance donc ma production à une échelle très modeste et j’espère qu’un jour, j’aurai l’occasion d’avoir un peu plus de terrain, agricole cette fois ».

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Passer par des initiatives comme Terre-en-Vue

Posséder la terre qu’elle cultive plutôt que la louer est aux yeux de Déborah un gage de sécurité. 

« Pour rendre une terre vivante, il faut du temps, beaucoup de temps, des années. Je ne voulais pas prendre le risque de perdre le résultat de mon travail donc j’ai fait le choix d’être propriétaire. Si c’était à refaire, je m’y prendrais autrement. Je chercherai des terres agricoles disponibles à la vente et abordables. Je m’adresserai à la formidable coopérative Terre en Vue qui, d’une certaine manière, donne un statut de bien public à ces terres nourricières. Vous aurez la chance en tant que maraîcher de pouvoir travailler sur une terre qui ne vous appartient pas, certes, mais qui est mise à votre disposition tant que vous la cultivez sans risquer que cette terre vous soit retirée pour une quelconque raison ».

Soutenir les nouveaux venus

L’accès à la terre étant l’un des principaux freins pour nombre de candidats, soutenir les jeunes désireux de se lancer dans le maraîchage est selon Déborah un impératif. 

« Être jeune à l’heure actuelle est déjà compliqué quand on voit les prix des loyers et des maisons, sans compter les conditions pour emprunter. Un futur maraîcher doit en plus acquérir de la terre pour pouvoir cultiver. Sans l’aide des parents ou des futurs clients, c’est vraiment difficile. Pour moi, ce n’est que le début. Il y a encore énormément à faire mais un jour peut-être, je pourrai soutenir un jeune qui voudra se lancer dans le plus beau métier du monde ».

Claire Lengrand, journaliste | claire.lengrand@hotmail.fr

VOUS AUSSI, TEMOIGNEZ

Vous êtes maraîcher / maraîchère ? A combien louez-vous votre parcelle ? Avez-vous eu du mal à trouver vos terres ? Avez-vous reçu l’assurance de pouvoir y rester pendant plusieurs années ? Avez-vous été aidé par des proches ou un collectif ? Comment faire, selon vous, pour rendre les terres agricoles (accessibles) aux maraîchers et maraîchères ? Etc. 

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Ces témoignages serviront à construire des dossiers thématiques et à réaliser un documentaire. Paroles de maraîchers /maraîchères – un projet de Tchak! et de TDM – Télévision du monde.