Quatrième témoignage récolté dans le cadre du projet Paroles de maraîcher / maraîchère, celui de Cécile Jonckheere. Maraîchère depuis cinq ans à la Ferme Souris, à Xhendremael, sur les hauteurs de Ans, elle déclare vivre avec plus de légèreté depuis la transformation de son activité en asbl.
« J’ai commencé en 2017 avec mon frère puis j’ai essayé de m’associer avec une amie qui rêvait de faire du maraîchage, relate Cécile. Elle a arrêté au bout de six mois. Au moment du premier confinement en 2020, j’ai reçu l’aide de plein de personnes motivées qui avaient du temps. Ce sont avec ces personnes que nous avons créé le collectif Ferme Souris qui a vraiment bien fonctionné cette année. Nous sommes tous bénévoles avec un boulot principal ailleurs. On a commencé à dix, on est descendu à huit cet été et aujourd’hui nous sommes cinq. On recrute actuellement pour l’année prochaine. »
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Savoir lâcher prise et communiquer
Cécile et les autres membres de l’asbl cultivent une parcelle d’un demi-hectare située sur un terrain familial, dont la majorité des productions est vendue sous forme de paniers.
« Nous répartissons entre nous les 70 heures que je faisais seule ou presque, en venant un à deux jours par semaine sur le champ. Nous avons collectivisé la construction du plan de culture : les graines, les semences, le terreau etc. Chaque personne a des responsabilités. Les compétences s’améliorent et se renforcent chez chacun. C’est la deuxième année que le collectif est en place et j’ai l’impression de ne plus faire grand chose. Nous sommes très égos et autonomes. Parmi les inconvénients, il y a le fait que les manières de faire sont différentes, notamment l’aspect du légume quand il arrive chez le client. Il faut savoir lâcher prise et communiquer. Parfois, ça prend du temps mais je me force, même si je n’y arrive pas toujours, car tout le monde doit apprendre à être le plus autonome possible. »
Ne plus faire les choses seule
A tous les maraîchers qui, comme elle, se sentent écrasés par leur activité, Cécile préconise la collectivisation des responsabilités.
« Personnellement, j’ai tout appris toute seule. J’avais besoin de faire le tour pour me rendre compte et me dire : c’est bon, je peux lâcher prise et ouvrir à d’autres personnes. Je voulais tellement bien faire : produire pendant quarante-cinq semaines, hyper diversifié, sans plastique, faire des plants maison, de l’auto production de semences, transformer plutôt que jeter, travailler à la main… Avec une personnalité comme la mienne, timide et réservée, vas-y pour produire en suffisance, savoir vendre avec bagou et demander de l’aide. En réalité, tu es obligé.e de demander de l’aide sinon tu touches le fond. C’est ce qui m’est arrivé. Je me suis dit que plus jamais ça ne se reproduirait. Ne plus faire les choses seule. On vit avec moins de stress, on vit sa passion et on ne s’efforce plus de vivre de sa passion. »
Claire Lengrand, journaliste | claire.lengrand@hotmail.fr
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