Cinquième témoignage récolté dans le cadre du projet Paroles de maraîchers / maraîchères, celui de Clément Tournis. Le jeune homme est indépendant depuis trois ans au Champ Paysan, à Ohey, où il travaille en binôme avec un autre maraîcher. Leur exploitation s’étend sur un peu plus d’un hectare et ils écoulent notamment leur production sur place deux fois par semaine. Si Clément a souhaité témoigner, c’est avant tout pour évoquer les formations en maraîchage.
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« J’ai fait deux ans de formation, à l‘ASBL CRABE, en tant qu’ouvrier agricole et maraîcher en installation, puis plusieurs stages. C’est une filière que je recommande. En 2019, je suis devenu maraîcher indépendant. Depuis, j’accueille des stagiaires et je me demande pourquoi certains organismes font croire à ces personnes qu’elles peuvent se lancer directement. La réalité économique du secteur ne se réduit pas à faire pousser des légumes, il faut savoir les vendre. Et sur ce point, les stagiaires ne s’y connaissent pas. »
« Avoir un projet qui tient la route, c’est indispensable »
Selon Clément, beaucoup de formations ne mettent ainsi pas assez l’accent sur la pratique du terrain, à travers notamment des visites de lieux et des stages.
« Les organismes sont tenus de bien expliquer les réalités du maraîchage en dehors de la production, observe Clément. Elles changent selon l’endroit où on est implanté, comme en périphérie d’une ville ou en campagne. Ceux qui veulent avoir un accès à la terre doivent avoir un projet qui tienne la route. Les organismes de formation doivent y veiller.»
Pour le jeune maraîcher, certaines formations sont meilleures que d’autres car elles donnent un meilleur accès au métier, avec beaucoup de stages et des rapports à rendre. « Pour ma part, c’est la pratique du terrain qui m’a aidé à développer mon projet – surtout le fait de faire des stages chez des maraîchers qui s’en sortent, qui gagnent un revenu minimum, assure-t-il. C’est ce qui a contribué à ce que le projet du Champ Paysan prenne rapidement et que l’on s’y retrouve économiquement assez vite. Même si nous ne sommes pas riches pour autant. »
Créer un grand centre de formation
Clément Tournis plaide pour la création d’un grand centre de formation en maraîchage muni de bâtiments et de terre aux alentours.
« Un organisme qui mettrait à disposition les infrastructures, le matériel, les outils, au lieu d’avoir de petits centres qui forment à droite à gauche avec des budgets réduits sur 40 ares, plaide le jeune maraîcher. Avec un réel aboutissement pour chaque porteur de projet. Un organisme qui aide à avoir un accès à la terre pour ceux qui n’en ont pas ou à faire des dossiers pour l’aide à l’installation. Faire en sorte qu’une fois que le stagiaire quitte le centre, il soit prêt à devenir indépendant. Qu’il ne se retrouve pas face à un mur. »
VOUS AUSSI TÉMOIGNEZ
Vous êtes maraîcher / maraîchère ? D’accord, pas d’accord avec les constats de Clément? Comment vous-êtes vous formé à votre métier ? Quelle filière avez-vous suivie ? Accueillez-vous des stagiaires sur votre champ ? Proposez-vous (vous-mêmes) des formations ? Quelles erreurs avez-vous commises au début de votre activité ? Quels conseils donneriez-vous aux formateurs ainsi qu’aux nouveaux venus dans la profession ? Etc…
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Ces témoignages serviront à construire des dossiers thématiques et à réaliser un documentaire. Paroles de maraîchers /maraîchères – un projet de Tchak! et de TDM – Télévision du monde.
