L’industrie du cacao, c’est le paroxysme du cynisme. Le sommet du commerce inéquitable. Une dizaine de multinationales concassent des millions de cultivateurs et aveuglent des milliards de consommateurs. Des cabosses au chocolat, le processus de transformation est un goulot d’étranglement qui vend du luxe et du plaisir sur le dos de la misère.
Commentaire | Clémence Dumont, jounaliste
Des forêts primaires sont détruites faute d’argent pour renouveler les vieilles plantations ? Des enfants travaillent jour et nuit parce que leurs parents n’ont pas l’argent de les envoyer à l’école ? Certains sont vendus comme esclaves, oui, esclaves ? « Achetez nos chocolats, vous nous aiderez à agir », qu’elles répondent en chœur, ces grandes entreprises devenues soudainement responsables.
+++ A lire: Le cacao double zéro de Leonidas , un dossier publié dans le numéro 9 de Tchak! (printemps 22)
Parce que le vent a tourné et qu’il faut bien montrer qu’on fait quelque chose (montrer plus que faire) : elles organisent des formations aux « bonnes pratiques agricoles », elles payent des satellites de surveillance des forêts, elles distribuent des arbres à plus haut rendement, … Un peu de poudre par-ci, un peu de poudre par-là. Et relever les prix du cacao ? Ah non, ça non, faut pas pousser non plus !
Malgré les discours, les plans et labels en tous genres, les familles de cacaoculteurs et cacaocultrices ne gagnent donc toujours pas de quoi dignement se nourrir, se loger, se soigner, scolariser leurs enfants, prendre soin de leur environnement…
Alors certes, Leonidas n’est qu’un tout petit rouage de ce système, et certainement pas le pire. Mais un rouage quand même. Les enjeux sont tels qu’il est indécent d’appeler « durable » un cacao qui ne l’est pas. Durable, ça veut dire soutenable sur les plans économique, sociaux et environnementaux. On n’y est pas du tout, pour aucune de ces dimensions !
Le CEO de l’enseigne craint qu’en le disant, Tchak nuise aux intérêts des paysans : les consommateurs pourraient se détourner de Leonidas, rare acteur à faire un pas en avant, pour acheter du chocolat encore moins durable.
Bon dieu de bon sang ! Qui sont donc les premières victimes du langage publicitaire qui cache la crue réalité sous les tonnes de ganache ?
Tchak! a des lecteurs intelligents. On leur fait confiance pour s’inspirer à la mesure de leurs moyens des conseils de chocolatiers autrement engagés (à retrouver notamment dans la revue papier) !
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